acupression pour le cheval et les animaux domestiques

Deux visions de la médecine

Je pratique et discute sur cette page de soins holistiques, d’acupression, de shiatsu, mais quelle vision de la médecine se cache derrière ces soins? La médecine traditionnelle chinoise, oui, mais que cela veut-il dire? Comment fonctionne-t-elle? Quelle est la philosophie qui se cache derrière?
Il existe deux manières de percevoir le monde qui nous entoure. J’ai été élevée, comme la plupart d’entre vous, selon une vision occidentale de la médecine. Nous voyons, non seulement la médecine, mais le monde qui nous entoure d’une certaine manière.

La vision occidentale

La philosophie des sciences en Occident se base sur le fait que les êtres-humains sont séparés de la nature et que le monde peut être découpé, comme une machine, et réduit aux différentes parties qui le constitue. La philosophie qui est derrière notre médecine actuelle nous vient de la vision philosophique de Descartes.

Selon ce dernier, le monde et tout ce qui le compose ressemble à une machine gouvernée par des lois mécaniques. Le corps des êtres-humains est donc vu comme une machine et Descartes précise qu’il y a une nette séparation entre le corps et l’esprit. La médecine occidentale est donc l’étude du fonctionnement de cette machine qu’est le corps. Le médecin est un mécanicien qui intervient parfois pour une opération de maintenance, mais qui, le plus souvent, effectuera des réparations d’urgence, comme par exemple remplacer une pièce défectueuse. Le corps est décomposé en organes, tissus, cellules et molécules chacun vu avec ses propres fonctions. Les anatomistes de l’époque divisaient donc le corps en différents parties, reliées les une aux autres, tout en étant chacune autonomes.

La spécialisation

Par la suite, lorsque la science, la médecine et l’industrie ont commencé à se mélanger, l’âge de la spécialisation a pu faire son apparition. C’est ainsi que les chimistes ont vu le corps comme une usine de produits chimiques que l’on peut contrôler et réguler à l’aide de molécules. Les physiciens, eux, ont vu le corps comme une structure atomique et ont développé les radiations (rayons-X) dans un but de diagnostic et de traitement. Les ingénieurs ont vu le corps comme une structure mécanique et ont inventé des outils pour pouvoir en remplacer des parties défectueuses. Ce sont toutes ces innovations qui ont permis à la médecine une grande avancée et qui permettent les opérations très complexes qu’il est actuellement possible de pratiquer.

L’origine de la maladie

Un autre changement majeur de conception est apparu au milieu du XIXème siècle lorsque Louis Pasteur a identifié une cause de maladie extérieure au corps: les germes. Selon sa théorie, ce sont des micro-organismes qui peuvent produire des symptômes spécifiques sur un corps sain qui va alors développer une maladie. Cette théorie a permis d’aider à expliquer les épidémies et de développer des remèdes contre elles.
Cette vision de la médecine a perduré, car, au début du XXème siècle, les médecines qui n’étaient pas basées sur le modèle cartésien étaient considérées comme non-scientifiques et seuls les centres de recherche basés sur ce modèle recevaient des aides financières.
Selon la conception cartésienne de la médecine, le médecin, tel un mécanicien, peut donc uniquement réparer ce qui est “cassé”. Il développe, cependant, un talent pour extraire des tumeurs, pour remplacer des articulations ou encore pour remettre en fonction une glande défectueuse à l’aide d’hormones. Les médecins se spécialisent même toujours plus, il y a des chirurgiens cardiovasculaires, des chirurgiens viscéraux, des neurochirurgiens, des chirurgiens orthopédistes, etc. Toutefois, ces médecins ne sont pas formés pour promouvoir la bonne fonction d’un système, d’un organe ou d’une articulation. Toutes les compétences sont basées sur l’intervention et non sur la prévention.
Le médecin est parfois perçu comme un “facteur” qui peut nous amener de la santé et nous avons alors l’impression que le pouvoir de guérir provient de l’extérieur comme administré par une entité mystérieuse.
Il persiste quelques paradoxes dans notre modèle actuel de la médecine, des thérapies extrêmement efficaces pour traiter un problème existent, mais elles sont dangereuses, toxiques, voire mortelles pour le patient. Il arrive que des maladies soient traitées, mais que la santé du patient ne s’améliore pas pour autant, principalement dû aux différents effets secondaires du traitement… Malgré tout, certaines chimiothérapies, dans certains types de cancers, se révèlent extrêmement utiles.

La vision orientale

La philosophie orientale se base sur le fait que la vie se déroule selon le cycle de la nature. La nature est un système unifié, le Tao, avec deux aspects complémentaires, le Yin et le Yang. La nature est en mouvement constant. Les êtres-humains font partie de la nature et représentent la jonction entre la Terre et le Ciel. La notion du Qi (“chi”) est au coeur de la médecine chinoise. Le Qi est ce qui anime la vie.
Dans cette vision, les êtres-humains sont perçus comme un jardin et le médecin est donc le jardinier dont le but est de cultiver la vie au sein de ce jardin. Ce jardin est un système dynamique qui transforme la lumière du jour et l’eau en tissu vivant: la végétation. Le jardinier a comme rôle de préparer le sol, de semer les graines, d’arroser, d’enlever les “mauvaises herbes” et d’organiser les différentes plantes pour qu’elles profitent au mieux les unes des autres.

Principe de correspondance et harmonie

La médecine chinoise se base également sur la théorie de correspondance. Selon cette théorie, un système peut être en équilibre uniquement si tous les petits systèmes qui le composent sont, eux aussi, en équilibre. Contrairement à la spécialisation de la médecine occidentale, la médecine orientale applique le principe de l’harmonie. Le corps étant vu comme un grand système au sein duquel chaque organe doit être lui-même en équilibre pour que le corps entier puisse également l’être.
Dans la philosophie orientale, les événements se déroulent en association les uns avec les autres, alors que dans notre philosophie occidentale, les événements se déroulent en série, les uns après les autres. En médecine occidentale, une cause unique est donc à l’origine du développement d’une pathologie, tandis qu’en médecine orientale, la cause d’une pathologie provient d’une disharmonie dans le système. Si les disharmonies sont arrangées pour que l’harmonie revienne, la cause de la pathologie disparaît puisque les conditions qui lui avaient permis d’apparaître n’existent plus.
La médecine occidentale va tout logiquement traiter les causes, tandis que la médecine chinoise va traiter les conditions entourant la cause.

L’origine de la maladie

La santé est la capacité d’un organisme à répondre aux différents défis qu’il rencontre, tout en conservant son équilibre. La maladie survient lorsque l’organisme n’a pas su conserver son équilibre et s’adapter au défi qu’il rencontrait. Il y aurait donc une situation préalable de déséquilibre et de disharmonies dans l’organisme qui permettent à la maladie de s’installer.

Comme un jardin, l’organisme a besoin d’équilibre dans ce qu’il contient et ce qu’il reçoit. Il est facile de concevoir un jardin qui a besoin d’eau, d’air et de lumière, mais qui doit les recevoir dans des proportions appropriées pour ne pas risquer d’inonder les plantes, de les assécher ou encore de les brûler.

Le jardinier se trouve parfois dans l’obligation de traiter fortement un problème, comme une invasion d’insectes à l’aide d’un produit, mais il va faire attention à ne pas nuire à la plante. Les médecins en médecine chinoise feront de mêmes, pour soigner une maladie tout en permettant au patient de pouvoir récupérer rapidement, ils vont traiter la maladie tout en travaillant sur les forces de l’organisme.

La prévention

Tels des jardiniers, les médecins veilleront à ce que l’organisme soit en équilibre en étudiant des signes extérieurs. En effet, les êtres-vivants sont, tout comme un jardin, sensibles au climat extérieur. Ainsi, le vent, la chaleur, l’humidité ou la sécheresse provoqueront des effets qui seront directement observables sur l’organisme. Il faut donc s’assurer que le corps soit en équilibre avec ces différents éléments. L’acupuncture, l’acupression et des traitements à base d’herbes médicinales permettent de rééquilibre l’organisme. La force de la médecine chinoise est donc d’identifier un déséquilibre interne, alors qu’à priori l’organisme paraît fonctionner correctement. Cependant, ce déséquilibre provoquerait, s’il subsistait, des dommages au niveau de l’organisme. La médecine chinoise agit donc préventivement.

Faiblesse

La médecine chinoise, voyant les éléments comme interconnectés les uns aux autres, elle ne sépare pas le problème de la personne qui le rencontre. Elle n’est donc pas spécialisée pour analyser si une cellule est bénigne ou non ou encore pour une ablation d’organe. La médecine occidentale, elle, est, au contraire, extrêmement spécialisée et donc compétente pour intervenir sur des problèmes précis.

Complémentarité

Les deux visions sont donc complémentaires l’une à l’autre. Il me paraît judicieux d’adopter le point de vue oriental pour agir préventivement à la maladie ce qui permet d’éviter des souffrances, que ce soit pour nous ou pour nos animaux. Et si malgré tout, une maladie aigue se produit, la médecine occidentale peut sauver la vie d’un animal en « ôtant » le problème. Après, la médecine orientale prendra le relais pour rétablir les bonnes conditions pour que le jardin puisse s’épanouir au mieux et rester en équilibre.

Ecrit par Orianne Holistic Care & Horsemanship
Source: “Between Heaven And Earth: a guide to chinese medicine”, Harriet Beinfield & Efrem Korngold

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